John Maynard Keynes
Ce n'était qu'un vieux traité oublié au fond de bibliothèques poussiéreuses. Et puis miracle, le voici qui ressort des étagères, épousseté de frais : « le » livre de la rentrée est sans conteste la « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie ». Ce volumineux traité publié en 1936 par John Maynard Keynes redevient la bible de l'économie. Effectivement, la lecture des mots de Keynes sur le mécanisme de la panique financière et la psychologie des marchés, la fameuse « préférence pour la liquidité », est édifiante. Son analyse sur l'impossibilité pour un marché de sortir seul de ce genre de situation sonne également juste. La revanche posthume de l'économiste britannique sur son ami et rival, le très libéral Friedrich Hayek, est éclatante : pas un expert, ou un politique, fût-il de droite, n'a de mots assez durs pour fustiger le laisser-aller de ces dernières années et la folie de la finance mondiale. Les keynésiens de tous bords peuvent plastronner, sur le mode « je vous l'avais bien dit », et annoncer la fin de l'ère libérale, commencée en 1979-1980 avec l'arrivée de Thatcher et de Reagan. Keynes, lui, se serait peut-être passé de ressortir son traité, et de revenir aux vieilles lunes. « La difficulté, écrivait-il, n'est pas tant de développer de nouvelles idées que d'échapper aux anciennes. » Etienne Gernelle